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Saint-Césaire

Gisement de la Roche-à-Pierrot, à Saint-Césaire

Isabelle Crevecoeur

Le gisement de la Roche-à-Pierrot, à Saint-Césaire (Charente-Maritime), a livré une séquence exceptionnelle de près de 30 000 ans d’occupation humaines documentant la période de transition entre les derniers Néandertaliens et les premiers Homo sapiens en Europe. Une succession de niveaux archéologiques rapportés au Paléolithique moyen (Moustérien) et au Paléolithique récent (Châtelperronien et Aurignacien) y ont été fouillés dès 1976 par François Lévêque (Ministère de la Culture ; Levêque et al., 1993). Avec la découverte en 1979 d’un squelette relativement complet d’un Néandertalien dans un niveau attribué alors au Châtelperronien, le site de La Roche-à-Pierrot représente depuis une séquence archéologique majeure d’Eurasie occidentale alimentant les débats sur les processus de remplacement des derniers Néandertaliens par les premières populations d’Homo sapiens arrivant en Europe il y a entre 50 à 40 000 ans.

Depuis cette découverte fondamentale, le contexte chronoculturel des restes néandertaliens fait l’objet d’un débat. En outre, si le plus riche niveau moustérien a été analysé en détail, les données lithiques concernant la période dite de transition n’ont été que très partiellement étudiées. Ce relatif décalage entre les données publiées et l’importance accordée au site a constitué le point de départ d’un projet collectif en 2010 (Bordes, dir.), avec pour objectifs :

1 – la caractérisation de la composition techno-typologique et la distribution du matériel dans la couche attribuée au Châtelperronien ;

2 – la synthèse des ensembles chrono-culturels attribués au Paléolithique récent,

Les résultats préliminaires des études menées sur les collections Lévêque ont permis de mettre en évidence certains problèmes d’attribution et de mélanges des ensembles archéologiques pour ces parties de la séquence. Outre l’absence de certitude scientifique quant à l’association du squelette néandertalien au Châtelperronien (Gravina et al., 2018), le tri de la faune non côtée mené entre 2011 et 2024 issu des fouilles Lévêque a permis la découverte de restes de nouveau-nés néandertaliens inédits associé à un niveau archéologique basal.

Ces résultats ont justifié pleinement une reprise des activités de terrain en 2013 et 2014 (Morin & Bachellerie, dirs.) pour nettoyer les différents témoins de l’archéo-séquence afin de procéder à un nouvel examen des dépôts dans une perspective géo-archéologique.

Depuis 2015, nous avons engagé un Projet collectif de recherche très ambitieux (Crevecoeur, dir.). Il implique une équipe internationale et pluridisciplinaire et développe de nouvelles recherches de terrain avec les outils les plus modernes. Il intègre les problématiques géomorphologiques et archéologiques mises en évidence par la reprise des fouilles. En outre, il offre une opportunité unique de confronter les premiers résultats sur la révision des collections du site avec les données issues de la fouille d’une zone contenant la partie la plus dilatée, et potentiellement la mieux préservée, de la séquence. En plus de la découverte d’ocre, d’éléments de parure, de quelques nouveaux restes humains isolés, ces recherches ont permis de préciser les processus à l’origine de la mise en place des dépôts archéologiques de la Roche-à-Pierrot, compréhension essentielle à celle de l’étude de l’intégrité des dépôts archéologique, et de cerner de façon nouvelle la nature des occupations de ce site majeur (Todisco, Mallol et al., 2023).

RPB_Virtuel_206.png

Modèle 3D des relevés photogrammétriques d'un décapage sur le site de La Roche-à-Pierrot intégré à l'application virtuelle VRPB 9.0 (c) Archéosphère)

 

The Roche-à-Pierrot site in Saint-Césaire (Charente-Maritime) has yielded an exceptional sequence of nearly 30,000 years of human occupation, documenting the transition period between the last Neanderthals and the first Homo sapiens in Europe. A succession of archaeological levels dating back to the Middle Paleolithic (Mousterian) and Late Paleolithic (Chatelperronian and Aurignacian) were excavated here in 1976 by François Lévêque (French Ministry of Culture; Levêque et al., 1993). With the discovery in 1979 of a relatively complete Neanderthal skeleton in a level then attributed to the Chatelperronian, the La Roche-à-Pierrot site has since represented a major archaeological sequence in western Eurasia, fuelling debate on the processes by which the last Neanderthals were replaced by the first Homo sapiens populations arriving in Europe between 50 and 40,000 years ago.

Since this fundamental discovery, the chronocultural context of Neanderthal remains has been the subject of debate. What's more, while the richest Mousterian level has been analyzed in detail, lithic data from the so-called transitional period has only been very partially studied. This relative discrepancy between published data and the importance attached to the site was the starting point for a collective project in 2010 (Bordes, dir.), with the following objectives:

1 - characterization of the techno-typological composition and distribution of material in the Châtelperronian layer;

2 - the synthesis of chrono-cultural assemblages attributed to the Late Palaeolithic,

The preliminary results of studies carried out on the Lévêque collections have highlighted certain problems of attribution and mixing of archaeological assemblages for these parts of the sequence. In addition to the lack of scientific certainty as to the association of the Neanderthal skeleton with the Chatelperronian (Gravina et al., 2018), the sorting of unsorted fauna carried out between 2011 and 2024 from the Lévêque excavations led to the discovery of previously unpublished Neanderthal newborn remains associated with a basal archaeological level.

These results fully justified a resumption of field activities in 2013 and 2014 (Morin & Bachellerie, dirs.) to clean up the various witnesses of the archaeo-sequence in order to re-examine the deposits from a geo-archaeological perspective.

Since 2015, we have embarked on a highly ambitious Collective Research Project (Crevecoeur, dir.). It involves an international, multidisciplinary team and is developing new field research using the most modern tools. It incorporates the geomorphological and archaeological issues highlighted by the resumption of excavations. In addition, it offers a unique opportunity to compare initial results on the revision of the site's collections with data from the excavation of an area containing the most dilated, and potentially best-preserved, part of the sequence. In addition to the discovery of ochre, items of jewellery and a few new isolated human remains, this research has enabled us to clarify the processes behind the development of the Roche-à-Pierrot archaeological deposits - an understanding that is essential to the study of the integrity of archaeological deposits - and to define in a new way the nature of the occupations of this major site (Todisco, Mallol et al., 2023).

Bibliographie

Lévêque, F., Backer, A.-M. et Guilbaud, M. (Eds.) (1993) – Context of a Late Neandertal: Implications of a Multidisciplinary Research for the Transition to Upper Paleolithic Adaptations at Saint-Césaire, Charente-Maritime, France. Monographs in World Archaeology 16, Prehistory Press, Madison, 130p.

Gravina, B., Bachellerie, F., Caux, S., Discamps, D., Faivre, J.-Ph., Galland, A., Michel, A., Teyssandier, N. et Bordes, J.-G. (2018) – No Reliable Evidence for a Neanderthal-Châtelperronian Association at La Roche-à-Pierrot, Saint-Césaire. Scientific Reports, 8 : 15134.

Todisco, D., Mallol, C., Lahaye, C., Guérin, G., Bachellerie, F., Morin, E., Challier, A., Beauval, C., Bordes, J.-G., Colange, C., Colange C., Dayet L., Flas D., Lacrampe-Cuyaubère F., Lebreton L., Marot J., Maureille B., Michel A., Muth X., Nehme C., Rigaud S., Tartar E., Teyssandier N., Thomas M., Rougier H., Crevecoeur I. (2023) – A multiscalar and multiproxy geoarchaeological approach to site formation processes at the Middle and Upper Palaeolithic site of la Roche-à-Pierrot, Saint Césaire, France. Quaternary Science Reviews, 315 : 108218.

                             Site de La-Roche-à-Pierrot, fouille des niveaux paléolithiques. Membre de l'équipe scientifique :
                                           Hélène Rougier (CSUN), Isabelle Crevecoeur (CNRS), Cédric Beauval (Archéosphère)

                                                                                                                             Site de La-Roche-à-Pierrot, fouille des niveaux paléolithiques

 

Contact - Référent français

Isabelle Crevecoeur

Ph.D.
Director of Research at CNRS
UMR 5199 PACEA, Université de Bordeaux,
Bâtiment B8, Allée Geoffroy Saint Hilaire, CS 50023
33615 Pessac Cedex
France

e-mailisabelle.crevecoeur@u-bordeaux.fr
Phone: +33540003342
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