À travers plusieurs exemples désormais bien documentés la paléospéléologie, terme proposé par François Rouzaud en 1978, est la manière dont les hommes ont circulé dans le milieu souterrain : quand ? Comment ? Jusqu’où ? Qui ? Pourquoi ?
La fréquentation du monde souterrain par des groupes humains au-delà de la lumière du jour a connu ces dernières années un regain d’intérêt. Jusqu’au milieu du XXe siècle, cela concernait principalement les sociétés du Magdalénien pyrénéen. Avec les découvertes successives de Rouffignac, puis Chauvet, Cussac et enfin surtout Bruniquel, on a reculé de 140 000 ans les dates supposées des premières circulations dans le tréfonds des grottes. Aux exemples déjà étonnants des grottes pyrénéennes connues depuis longtemps, se sont donc progressivement ajoutées Rouffignac (Magdalénien : près de 2 km), Cussac (Gravettien : 900 m minimum), Chauvet (Aurignacien) puis surtout Bruniquel (Paléolithique moyen ancien : 330 m). Pour Bruniquel, c’est surtout une autre humanité qui est concernée, les Néandertaliens, bousculant nos paradigmes relatifs aux premières appropriations de ces mondes contraints, réputés dangereux, siège de l’étrange.
Pour les principaux exemples (ici étudiés dans le Sud-Ouest de la France), nous évoquerons les distances parcourues, le temps estimé, mais surtout la nature des vestiges ou traces nous permettant de les estimer : marques de couleur, mouchages de torche, concrétions fracturées, déplacées, dépôts de corps humains, traces involontaires (appuis, glissades, empreintes au sol…), objets déposés ou perdus.
Exceptées Bruniquel, s’agissant de grottes ‘sanctuaires’ dites ‘ornées’ de dessins, de gravures figuratives ou non figuratives (tracés digitaux), on se posera la question de leur relation avec cette ’paléospéléologie’ et donc une discussion quant à la signification de telles déambulations paléolithiques aussi lointaines dans le milieu souterrain.
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