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Traquer la polychromie dans l’Antiquité

Porteur du projet : Vincent Baillet

Équipe scientifique : Vincent Baillet (Archéosciences Bordeaux, Postdoctorat en Archéologie du numérique), Rémy Chapoulie (Archéosciences Bordeaux, et Responsable plateforme Archeovision) ; Bruno Dutailly (Ingénieur d’études en informatique) ; Francesca Galluzzi (Archéosciences Bordeaux, Ingénieure d’études en Archéométrie), Pascal Mora (Archeovision Production, Ingénieur 3D), Aurélie Mounier (Archéosciences Bordeaux, Ingénieur de recherche)

Financements : Actions Innovantes n°3 – GPR Human Past

Nature du projet :

TRAQUER : « la polychromie dans l’Antiquité : essai de restitution de la couleur au temple oraculaire d’Apollon à Delphes ».

 

Ce projet entend développer un protocole inédit appliqué à l’étude des pigments antiques invisibles à l’œil nu, tout en ayant l’exigence de construire une méthodologie réutilisable auprès de la communauté scientifique des universités de Bordeaux voire au-delà. À cet effet, cette méthode fut éprouvée sur des blocs architecturaux du temple d’Apollon pythien datant du IVe siècle av. J. C. Depuis la découverte de l’édifice en 1894, une seule étude a focalisé brièvement son attention sur l’examen de la polychromie de l’édifice sacré, sans pour autant donner un état définitif de la connaissance sur cette thématique. Parallèlement, les dégâts du temps, la mauvaise conservation des blocs ou encore les nettoyages méticuleux ont favorisé l’effacement des traces de couleurs. Ces contraintes expliquent pour partie l’extrême difficulté à détecter et à caractériser les traces de pigments par nos prédécesseurs.

 

Mission de terrain :

Du 25 au 29 avril 2023 a été conduite une mission de terrain sur le site archéologique de Delphes dans le cadre du projet « TRAQUER ». Cette initiative est également soutenue et conduite en collaboration avec l’Ecole Française d’Athènes, et l’éphorie des Antiquités de Phocide.

 

A gauche: Photographie de la terrasse et du temple d’Apollon à Delphes (V. Baillet) 2023 © Archeovision.; A droite: Analyse à l’aide d’une caméra hyperspectrale sur un bloc de triglyphe. (gauche à droite : F. Galluzzi, V. Baillet, R. Chapoulie). 2023 © Archeovision.

 

Dans l’optique de faire surgir de nouvelles données exploitables, ce protocole exploratoire combine plusieurs techniques non invasives permettant l’identification ainsi que la caractérisation de pigments sur un corpus de près de 10 blocs appartenant à l’édifice oraculaire.

A gauche: Analyse d’un bloc de larmier à l’aide de la spectrométrie de réflectance par fibre optique (R. Chapoulie). 2023 © Archeovision. A droite: Mise en œuvre d’un relevé photogrammétrique macroscopique sur un bloc de triglyphe (P. Mora). 2023 © Archeovision.

 

À Delphes, nous avons employé de manière exploratoire la photogrammétrie « micrométrique », ou encore de l’intelligence artificielle pour détecter, puis localiser précisément les pigments en vue de leur restitution.

Au-delà de traquer les pigments antiques, la prospection photogrammétrique référencée en 3D permet aux archéomètres de choisir les zones les plus favorables pour la mise en œuvre de leurs analyses à l’aide d’équipements ultraportables et mobiles. Celles-ci introduisent un examen physico-chimique des pigments grâce aux méthodes d’analyses, telles que l’imagerie hyperspectrale et la spectrométrie de réflectance par fibre optique (FORS). Enfin, le croisement des données photogrammétriques, archéologiques et archéométriques, contribuera à l’issue du projet à améliorer l’authenticité de la restitution numérique des couleurs tout comme les motifs présents sur cette construction sacrée.

Rendu 3D de l’acquisition photogrammétrique des blocs de triglyphes du temple d’Apollon IVe siècle avant Jésus Christ (V. Baillet) 2023 © Archeovision.

Rédaction: V. Baillet, Octobre 2023